Hommage à Frédérique Lerbet-Séréni

C’est une très triste nouvelle que la disparition de Fred. J’ai eu l’immense chance d’avoir été accompagné par elle pour ma thèse. Sa réflexion sur l’accompagnement et surtout sa pratique de l’accompagnement offrait un cadre authentiquement ouvert à la liberté de chercher, à la sensibilité du chercheur, à problématiser ce qui l’éprouve et qui l’anime. Je mesure, en cette époque actuelle si dure envers une pratique ouverte des sciences, à quel point cette liberté a été précieuse aussi bien pour ceux qu’elle accompagnait que dans sa pensée si originale dans les sciences de l’éducation et de la formation. Elle était très attachée au renouvellement de sa pensée qui restera vivante au-delà de sa mort. Elle avait tenu à mettre ses textes sur HAL car elle était aussi très attachée à la transmission mais une transmission qui ne bégaie pas ses maîtres comme elle aimait à dire. Voici le lien vers son CV HAL avec nombre de ses textes :

https://cv.hal.science/frederique-lerbet-sereni

Je vous invite très sincèrement à parcourir et à lire ses textes si riches et sachant si bien accueillir l’incarnation du chercheur, jusqu’à la mort. Je reprend une phrase de sa présentation sur HAL : ” Aujourd’hui c’est à partir de la mort comme fondement, – inconnaissable absolu-, des modes relationnels in-possibles à soi, à l’autre, au savoir et au monde, qu’elle poursuit sa contribution à une anthropologie de l’éducation”. C’est à travers la figure imaginaire d’Antigone, figure qui se tient debout face aux hubris du pouvoir, qu’elle a fait cette traversée de chercheuse mais aussi d’amie, de compagnon de chemin. Elle me manque déjà beaucoup.

J’ai envie de rajouter un texte,” De l’humus” qu’elle avait lu en conclusion du colloque “La recherche en éducation dans le contexte de l’anthropocène” organisé par L’AFIRSE section française en novembre 2021 (https://shs.hal.science/halshs-03829298) :

” Ça va plutôt bien, pour conclure.

Le trouble avec lequel il nous faut vivre (D. Haraway), le moment anthropocène/capitalocène/plantatiocène/chtuhulucène qui nous échoit en conscience et réalisation progressives, finit par me rendre heureuse : sans lui, je serai morte moins vivante, car moins soucieuse, moins intranquille de nous tous, bestioles et autres formes de vie, tous terriens. Et voilà qu’il nous est offert de s’éduquer et de s’en éduquer, ensemble, dans des bouleversements générationnels souvent magnifiques. Mon père, que certains d’entre vous ici ont connu, bien rogérien, avait coutume de dire : « les parents sont comme leurs enfants les élèvent ». Encore faut-il que les parents sachent recevoir cette éducation de leurs enfants en même temps qu’ils les éduquent ; que les enseignants sachent s’apprendre des étudiants en même temps qu’ils les enseignent ; que la transmission se tienne en réception, et réciproquement ; qu’on se sache pas trop sachants, les uns et les autres “.

Ce texte nous console un peu de sa mort et il est une belle invitation à continuer son œuvre comme elle l’avait fait, à sa manière, à la suite de son père, Georges Lerbet.

Il me semble important de poursuivre sa contribution, chacun aussi à sa manière, que ce soit à travers une journée en son honneur ou d’écritures.”

Amicalement,
Olivier Gaudin

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